"Nous vivons sur la Terre, elle nous fournit ce dont on a besoin. Mais par la suite, on a commencé à retirer des pièces de la navette spatiale en plein vol", raconte Bonnie Pauzé du village de Waverley, dans le canton de Tiny. Cette Franco-Ontarienne, qui a grandi près de Lafontaine, se bat pour protéger l’eau qui coule sous sa propriété, une pièce essentielle de ladite navette, réputée comme étant l’eau "la plus pure au monde", selon des analyses en laboratoire réalisées par William Shotyk, professeur de biochimie de l’Université de l’Alberta. Mais celle-ci est plus que jamais menacée par des carrières d’agrégats. Des carrières sont exploitées à Waverley depuis plus de dix ans, avec déjà des conséquences sur la qualité de l’eau selon les habitants. Et les choses pourraient s’aggraver si les exploitants obtiennent l’expansion de leurs permis sur une zone située à deux kilomètres de chez Bonnie Pauzé. La nouvelle zone d’extraction de 13,5 hectares, au nord de l’actuelle carrière, empiéterait sur French’s Hill, une colline boisée d’environ 300 mètres qui se dresse entre la maison de Bonnie et la carrière Teedon. Or cette colline constitue un filtre naturel préservant la bonne qualité de l’eau.
Aujourd’hui, les carrières comme celles de Waverley sont omniprésentes en Ontario. En 2020, 167 millions de tonnes d’agrégats ont été extraites dans les carrières de la province. Un peu plus de la moitié a été vendue à des compagnies qui ont obtenu des contrats du gouvernement ontarien ; le ministère des Transports est le client le plus important.
À Elmvale, chaque vendredi, entre 16 heures et 18 heures, la Franco-Ontarienne et une amie distribuent des dépliants de leur campagne "Save our Water. Stop the Pits" aux abords d’un kiosque où des Ontariens de la province s’arrêtent pour remplir leurs cruches.
Photo Cole Burston / Le Devoir
Étienne Lajoie – Le Devoir